Quatre-vingt-un mille trois cent quatre-vingt-seize (81 396) heures. C’est le temps que la plupart d’entre nous passent à travailler. La seule chose à laquelle nous consacrons plus de temps est le sommeil.

Le dernier rapport   “State of the Global Workplace” de l’Insitut Gallup révèle que six (6) personnes sur dix (10)  se considèrent « émotionnellement détachées » au travail alors que 18 % sont tout simplement malheureuses.

L’Institut Gallup définit le concept de désengagement de la sorte :

“Salariés qui ne sont pas réellement actifs, exerce un travail de manière neutre, en quête de sens du travail.” Ils sont susceptibles d’évoluer en fonction des circonstances dans un sens positif ou non.

Les raisons du désengagement sont nombreuses et certaines solutions semblent échapper aux organisations aux prises avec un taux croissant de cas de présentéismes. Contrer ce phénomène est un défi de taille, mais il paraît possible en agissant, entre autres, sur le « pouvoir d’agir » des travailleurs.

Le pouvoir d’agir des travailleurs

Le pouvoir d’agir est défini comme la capacité des individus à influencer leur environnement de travail et à participer activement à la transformation de leurs conditions de travail. Selon Yves Clot, célèbre psychologue du travail, il s’agit de la possibilité pour les travailleurs de développer leur activité, leurs objets, et leurs outils dans un contexte professionnel pour l’atteinte d’un travail bien fait.

Clot met l’accent sur la notion de travail bien fait « qui consiste, pour le salarié, à atteindre les buts qu’il s’est fixés ou qu’on lui a fixés, et à parvenir ainsi à un résultat qui est défendable à ses propres yeux. » Bref, le pouvoir d’agir est donc la capacité d’intervenir sur les contraintes organisationnelles du travail.

Ces contraintes sont adressées dans l’intervention ergonomique que l’équipe Ergokinox propose. En effet, l’ergonomie participative est une approche où les travailleurs sont impliqués activement dans l’analyse et la conception de leur propre environnement de travail. Cette méthode peut fortement augmenter le pouvoir d’agir des travailleurs.

Comment développer le pouvoir d’agir des travailleurs ?

Essentiellement, le développement du pouvoir d’agir se fait en encourageant l’autonomie professionnelle et la marge de manœuvre des travailleurs.

Pour ce faire, trois (3) axes d’intervention sont désignés :

  1. Le pouvoir de définir ses tâches
  2. Le pouvoir d’influencer l’environnement de travail et le collectif
  3. Le pouvoir de s’impliquer dans la gouvernance

Le pouvoir de définir ses tâches

Le travail à cadence imposée ou encore avec une séquence d’exécution prescrite, voir imposé sont des exemples d’éléments organisationnels qui peuvent brimer la marge de manœuvre de certains travailleurs. Conséquemment, permettre à ces derniers de définir certains paramètres de la tâche de travail participe à faire croître cette marge de manœuvre, donnant l’occasion à une productivité assurée par des travailleurs plus impliqués et responsables de leur travail. À titre d’exemple, impliquer le personnel infirmier dans la révision des protocoles ou dans la planification des horaires de soins peut grandement améliorer leur satisfaction au travail et optimiser la qualité des interventions auprès des patients.

L’approche collaborative Ergokinox

Dans nos intervention, l’ergonomie participative donne aux travailleurs l’opportunité de participer aux décisions qui affectent leur travail quotidien. Cela peut améliorer leur sentiment de contrôle et d’autonomie, augmentant ainsi leur motivation et leur satisfaction au travail. Nous conseillons et accompagnons les entreprises à développer une approche proactive et collaborative pour faire évoluer le travail prescrit en concordance avec l’expertise interne. Permettre aux employés de faire évoluer le travail prescrit est une manifestation de la reconnaissance de l’expertise interne de son organisation.

Le pouvoir d’influencer l’environnement de travail et le collectif

Permettre aux principaux utilisateurs de l’environnement de travail d’ajuster leurs environnements de travail semble être logique ? Et bien c’est exactement ce que propose cet axe d’intervention où les travailleurs sont collectivement amenés à identifier et proposer des solutions possibles pour ajuster l’environnement physique avec lequel ils interagissent. À titre d’exemple, des ouvriers devraient être impliqués dans la réorganisation de leur poste de travail, permettant de choisir l’ordre des étapes d’assemblage et/ou la disposition des outils et composants, ce qui peut réduire la fatigue et augmenter l’efficacité.

L’approche collaborative Ergokinox

Régulièrement, les employés les plus expérimentés se permettent de modifier des éléments de l’environnement, des outils de travail et même des processus de production. Lors de nos interventions, nous portons la plus grande attention à ces changements que les employés engagent puisqu’ils sont l’élément déclencheur d’initiative et de projet pouvant profiter au reste de l’organisation. En permettant la création de projets pilotes en implantant des solutions provenant d’initiatives des employés experts, il est possible, à terme, d’accroître la marge de manœuvre d’une majorité de travailleurs et multiplier les opportunités d’amélioration continue de l’environnement, des outils et des processus.

Le pouvoir de s’impliquer dans la gouvernance

Finalement, un levier puissant pour développer le pouvoir d’agir est de construire des espaces de dialogues ou encore des canaux de communications verticales permettant aux travailleurs de se faire entendre. C’est connu, un environnement de travail où les employés se sentent écoutés et valorisés tend à engendre plus d’engagement et de satisfaction au travail.

L’approche collaborative Ergokinox

Lors de nos interventions, régulièrement, l’ergonome propose la création d’espaces de dialogue formels et informels au sein de l’entreprise.

À titre d’exemples, l’entreprise peut mettre en place des :

  • Réunions régulières entre des membres du comité SST (incluant des membres de l’équipe de gestion) et les équipes de travail;
  • Groupes de travail mixtes/paritaires sur des problématiques ergonomiques spécifiques;
  • Forums de discussion ouverts à tous les salariés;
  • Boîtes à idées physiques ou numériques
  • Etc.

Ces canaux visent à faciliter la transmission des réalités du terrain vers les instances décisionnelles. L’objectif est de permettre aux travailleurs d’exprimer leurs idées, préoccupations et suggestions d’amélioration dans un cadre constructif.

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En somme, plus les contraintes subies par les travailleurs sont rigides, plus le désengagement risque d’être présent. Faire croître le pouvoir d’agir des travailleurs consitute une excellente stratégie pour créer un climat de confiance et de collaboration dans l’organisation. Faire croître le pouvoir d’agir des travailleurs est se permettre, comme organisation, de puiser pleinement dans le potentiel de chaque expert du travail qui aura peut-être en lui la solution innovante permettant de faire face à votre prochain grand défi.

L’ergonomie participative renforce cette idée en impliquant activement les travailleurs dans l’analyse et la conception de leurs propres postes de travail. En adoptant cette approche, on ne se contente pas de remédier aux désengagements potentiellement observés ; on favorise également une dynamique d’innovation continue où chaque travailleur, considéré comme expert de son travail, contribue directement à l’amélioration de l’efficacité et de la sécurité de son environnement.